Ma vie en cinquante-deux stations de métro !
Je peux difficilement affirmer que la Concorde règne dans mon foyer. Ce lieu, normalement évocateur de chaleur et de Laumière ressemble, depuis quelque temps, à une
véritable Glacière. Un iceberg s'est installé sous mon toit et dans mon cœur. Ce vortex affectif m'est tombé dessus avec une violence peu commune.
Je me souviens que ce matin-là, j’écoutais
un air d’Opéra
en chantonnant, guillerette à l’idée de ce voyage en Argentine
qui m’avait quelque peu grevé les poches. C’est en effet une bonne partie de ma Bourse que j’avais sacrifiée pour ce séjour
dont je supposais qu’il lui ferait plaisir.
Pour
tout dire, je ne tenais pas spécialement à réitérer l’expérience qui était
survenue, quelques années auparavant, alors que nous étions, mon époux et moi-même, en croisière sur le Danube. Cela avait bien failli
gâcher le tour d’Europe que nous avions décidé
d’entreprendre Anvers et contre tous. Surtout contre
l’avis de ses proches. Déplaire à sa famille - laquelle ignore jusqu'à la signification du mot "sourire" et tire sans cesse une tête de jour de prise de la Bastille - était bien le Cadet de nos soucis.
C’est ainsi que pour ce séjour en Amérique du Sud, j’avais pris soin d’en baliser tous les détails, jusqu'au moindre Sentier de randonnée que nous avions décidé de parcourir.
Ce matin-là je me préparais
à sortir. Je me baissais pour attacher la laisse au cou de Picpus,
notre épagneul, qui ne cessait de japper, de frétiller de la queue comme tout
bon chien qui se fait une joie de la balade à venir. Nous étions tous deux
toujours Volontaires
pour arpenter les rues, en respirer les nouveautés et goûter un semblant de Liberté.
J’avais prévu – par la même occasion – de faire un saut aux Halles y faire quelques emplettes. En vue du dîner, j’avais
fait sauter le bouchon de Liège d’une
bonne bouteille de château de la Cour, Saint-Emilion, millésime 2012. En digne descendante de
vignerons, le décantage est pour moi un moment particulier.
Et puis, j'avais envie de m’offrir un roman, pourquoi pas le dernier Goncourt dont tous les médias chantent les louanges ?
Et puis, j'avais envie de m’offrir un roman, pourquoi pas le dernier Goncourt dont tous les médias chantent les louanges ?
Le temps frisquet s’y prêtant, je
pensais concocter un Parmentier de patate douce que je compléterai
d’une salade de fruits exotiques, servie avec une odorante Madeleine à l’orange confite.
J’avançais donc la main vers la
porte, quand la sonnette se fit brusquement entendre. Le facteur ! C’est un homme
toujours joyeux, dont le sourire dévoile ses multiples Couronnes et qui Hoche
sans discontinuer de la tête. Tant et si bien que l’on ne sait jamais s’il opine pour dire oui ou pour dire
non ! Il me tendit une épaisse enveloppe Blanche.
J’en fus intriguée. D’autant plus qu’elle dégageait une odeur légèrement écœurante de Jasmin.
Qui pouvait m’écrire ainsi ? Une Bonne-Nouvelle, je l’espérais. Vaine attente car dans la vie, tout ne vient pas avec Plaisance et douceur.
Qui pouvait m’écrire ainsi ? Une Bonne-Nouvelle, je l’espérais. Vaine attente car dans la vie, tout ne vient pas avec Plaisance et douceur.
Lorsque je l’ouvris, le mot de Cambronne s’échappa de ma bouche alors que les preuves de la fourberie, de la noirceur d’âme, de la vilenie de mon époux s’éparpillaient autour de moi. C'est à cet instant précis, je crois, que je me transformais en véritable Fille du Calvaire. Il devenait évident que jamais,
jamais celui à qui je faisais entièrement confiance, n’aurait pu, en aucun cas, séjourner sur les Champs-Elysée, lieu
d'enfer des âmes vertueuses.
Qui était donc cette femme venue
chasser sur ma Varenne ? Une soudaine envie de la Dugommier me vint. Et, de façon toute aussi inopportune, me reviens cette comptine. Est-ce parce que je marche le
nez en l’air, sans prêter attention à rien, que je suis retrouve ainsi trahie. Est-ce vraiment de ma faute ? Non, non, non, c’est
la faute à Voltaire
… tout le monde le sait, enfin.
Que faire ? M’interrogeai-je
alors que la douleur me rendait quasiment Muette. Mon être ressemblait désormais à un immense
champ de bataille. Alésia, Bir-Hakeim, Crimée, Stalingrad …
en égrenant les théâtres de célèbres batailles, les pires évocations me
venaient à l’esprit.
Si, plutôt que de me morfondre,
si au lieu de prier Saint-Jacques, Saint-Paul … Saint-Sulpice m’étant
de peu d’utilité, si je décidais comme les stratèges que furent Exelmans, Pelleport,
Faidherbe-Chaligny, Richelieu-Drouot, ou je ne sais quel autre
général, si je décidais de me battre.
Il faut que ce traître de
Gabriel, puisque tel est son prénom, il faut donc que Gabriel-Péri, pensais-je sauvagement.
Je vais lui arracher le cœur et le refiler à bouffer aux rats, ses frères,
Je vais le ferrer, l'attirer dans mes filets avant de le fourrer dans une Poissonnière et le faire cuire à l’étouffée,
Je vais lui inoculer un vaccin dont même Pasteur n’aurait imaginé la formule,
Je vais, je vais ...
Je vais lui arracher le cœur et le refiler à bouffer aux rats, ses frères,
Je vais le ferrer, l'attirer dans mes filets avant de le fourrer dans une Poissonnière et le faire cuire à l’étouffée,
Je vais lui inoculer un vaccin dont même Pasteur n’aurait imaginé la formule,
Je vais, je vais ...
Hélas, hélas, ne dit-on pas - avec justesse - qu'il faut raison
garder. Se ressaisir. Se conduire en digne héroïne de la République. Devenir une héroïne n'étant pas le destin le plus simple à épouser, le courage n'étant pas enraciné en moi actuellement, je me contenterai donc de négocier une bonne petite Convention
de rupture.
Je retrouverai ainsi le chemin de la Gaîté, je sauterai dans le premier avion pour Rome pour y vivre la dolce vitta !
Je retrouverai ainsi le chemin de la Gaîté, je sauterai dans le premier avion pour Rome pour y vivre la dolce vitta !
#fictionmetro
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