Y fé le zonzon

L'échelle ou l'idée abstraite de la prison


Sans doute l'aurez-vous remarqué. Je suis indiscrète par inadvertance. Je me gave de conversations qui ne me sont pas destinées et je m'en délecte quand elles sont succulentes. Le monde devrait apprendre à écouter plutôt qu'à parler. 

Derrière les banquettes de métro, suspendue à une poignée de bus, devant une cagette de butternuts, l'espace de quelques instants, la vie des autres devient fascinante. Quelquefois, elle est stupéfiante, abasourdissante.

Ce jour-là, j'étais sagement assise sur un strapontin, ligne 5. J'essayais vainement de me concentrer sur Angle d'équilibre de Wallace Stagner, un chouette livre. De ceux que j'aimerais écrire si j'en avais le talent.

Une bande (un mini gang pour être exacte) se rue dans la rame dans un joyeux brouahahahaha ... (Nope, c'est pas obligé de toujours bien s'appliquer à écrire comme dans un roman qui voudrait décrocher le prochain Pulitzer). 

Rires aux lèvres, le gang essaime autour de mon siège bancal qui tient grâce à je ne sais quelle loi de la gravité. De jeunes adultes venant à peine de quitter l'adolescence. Parmi eux, une fille, un garçon, apparemment pas encore trop malmenés par la vie. Ils évoquent une de leur connaissance.

Fille : Si y continue d'faire des conneries, il prend là. Y fé trop le zonzon.
Garçon : Il a déjà pris. 5 mois.
Fille : Ouais mais ça va, cé pas trop. Pourquoi ?
Garçon : Ben, y'a pas de meufs dans le quartier. Il a pris pour tentative de viol.
Fille  : Ben, ça va.

Elle qui s'esclaffe.

Hé bé, ai-je susurré à mon moi intérieur.
J'étais assise. Heureusement en quelque sorte. Je me suis sentie dépassée tout d'un coup.


#quedirequefaire










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