Association à but social, la grande désillusion

  Holloway road, Londres

Bénévole, administratrice (bénévole aussi, bien évidemment), salariée. Je suis passée par toutes les étapes du petit monde associatif. Dans l'ordre et avec plus ou moins de succès. Le moins concernant le salariat mais ceci fera l'objet d'un autre article.

Force est de constater que, de cette immersion dans un monde qui m'était auparavant totalement inconnu, la désillusion en est aujourd'hui le nom qui s'associe à cette période. Quand bien même ces expériences auront été riches et formatrices, de chacune, un goût doux-amer me reste, quelque part au fond du coeur.

Bénévole pendant plus de treize ans, présidente sur une décennie, c'est sans le moindre remerciement que j'ai quitté une structure à laquelle je me suis épuisée à donner sans compter (la leçon est retenue, ce n'est pas la peine de faire plus que nécessaire. Bilan : ne pas s'investir émotionnellement, remplir correctement sa mission, gérer son empathie, accepter le fait d'être impuissant face à certaines situations, rester chez soi quand la lassitude pointe).

D'aucuns évoquent - sans rien en savoir réellement - le "pouvoir" que certains administrateurs bénévoles associatifs rechercheraient. De quel pouvoir parle-t-on exactement ? à mon sens et à quelque niveau que ce soit, le pouvoir isole et suscite surtout des critiques. Que vous pensiez faire pour le mieux ou que vous fassiez moins bien. Il n'apporte rien, sauf éventuellement à (re)gonfler son ego ou à faire de la lèche auprès d'élus et autres potentiels partenaires par pur intérêt.


En qualité de cadre salariée (plus pour très longtemps, merci) le désenchantement porte sur d'autres motifs. Motifs sur lesquels (il n'y a pas suffisamment de hélas qui vaille) nombre de personnes de mon entourage travaillant dans le même environnement, me rejoignent. Que ce soit dans le secteur de l'enfance, de l'insertion professionnelle, de la santé ... se croisent et se recoupent des témoignages sur les jeux de cache-cache de fonds auxquels quelques personnes s'adonnent sans scrupules. On pourrait pudiquement, diplomatiquement -parler de suspicion car, lorsqu'on a l'opportunité de mettre son nez dans les comptes, la suspicion s'apparente à beaucoup plus grave.

Ici, c'est l'histoire d'un/e président/e qui a tout un arsenal d'associations dans un but connu de lui/elle seul/e, qui facture de fanraisistes frais de mise à disposition de locaux ou de personnel, d'incroyables frais de déplacements, qui sur-rémunère le responsable financier (lequel préfère prendre la poudre d'escampette à l'approche du commissaire aux comptes), qui jongle avec les comptes de ces associations dont la plupart ne sont qu'une coquille vide, sorte de Bernard l'Ermite de l'utilisation de sommes rondelettes. Qui emploie du personnel des années durant, empilant contrat aidé en CDD sur contrat aidé  puis finit par larguer ledit personnel lorsque l'Etat, face aux abus, décide de couper la manne ... Qui s'étonne, rendez-vous compte, dans une association d'intérêt général et à but social, qu'on puisse [lui] coller un Prud'homme ! quand il a trop abusé. À vous de vous débrouiller quand vous tombez, tête la première, dans ce maelström de magouilles ! 

Là, c'est l'histoire d'un/e directeur/trice qui a assis son petit pouvoir dans une structure générant plusieurs millions d'euros de subventions et qui fort/e de son engagement politique, se permet des comportements vis-à-vis des salariés que même Dickens n'aurait imaginé et dissimule mal ses intentions picsounesques.

Ailleurs, ce sont des postes fictivement occupés et, bien sûr, mieux que correctement rémunérés. Dans un secteur que nul ne soupçonnerait, tant qu'à faire.

Ce seront les mêmes qui crient à la diffamation dès que la moindre allusion se révèle trop proche de la vérité.

Les associations pleurent les baisses de subventions ? que certaines remettent en question leurs pratiques, que d'autres montent au créneau de façon courageuse lorsqu'il y a dérapage, qu'elles imaginent de nouveaux modes de fonctionnement, qu'elles soient plus respectueuses de leur engagement citoyen et social ... 

Cette propension à se servir d'une association dans un but d'enrichissement (quel qu'en soit le montant ou la forme) personnel, semble devenir commune. À quand un contrôle plus sévère de ces structures pour que l'argent public soit utilisé, comme son nom l'indique, pour répondre aux besoins du public accueilli ?

À quand donc, des retrouvailles avec mes illusions sur le bien-fondé du mouvement associatif ?

Wait and see.

#assolaloose
#désillusion




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