Professionnalisme quand tu nous tiens ...




Ce que le recruteur s'efforce de traquer en tout candidat, ce sont des compétences, un savoir-faire pour reprendre le jargon. Dans de nombreux cas, on se charge de vous faire comprendre (si vous ne l'aviez pas saisi par vous-même) à quel point c'est une chance, un honneur, d'être recruté. Car, bien évidemment, la société pour laquelle vous postulez ne peut que prôner l'excellence. Il est écrit "prôner", pas "appliquer".

Voyez-vous, j'ai comme qui dirait, des doutes. Encore. Je veux bien admettre avoir l'esprit critique mais comprenez ma frustration ... après moult refus, je tente de comprendre ce que je devrais améliorer et je ne peux m'empêcher de scruter les autres dans leur environnement professionnel. Je me dis qu'il y a toujours quelque chose à pêcher et à s'approprier.

Qu'en est-il du professionnalisme ?

Prenons une entreprise au hasard. Allez, disons la R*TP. Groupe dans le top 10 des meilleurs employeurs. Avant d'être intégré, batterie de tests, entretien pour déterminer vos aptitudes, compétences, patin-couffin. Sur le site du groupe, on peut lire ces quelques phrases : L'excellence au service des voyageurs ... information personnalisée et contextualisée tout au long d'un parcours ... plaçons le voyageur au cœur de nos préoccupations ... être l'opérateur de référence pour la qualité de service". Dans le choix des mots utilisés, vous noterez la volonté de convaincre du sérieux de l'entreprise : excellence - information - personnalisée - contextualisée - préoccupation - référence.

Maintenant, fermez les yeux et laissez vous guider un début d'après-midi, vers la station de métro La Chapelle, ligne 2, au nord de Paris. Pour ceux qui ne connaissent pas la capitale, cette  station à la jonction du 18ème et du 19ème arrondissement voit défiler un flot incessant de demandeurs d'asile et de migrants de tous les continents.

Derrière le guichet, une jeune femme. Face à elle, un homme, demandeur d'asile comme j'aurais tôt fait de le découvrir, un courrier de Solidarité Transport à la main, qui tente vainement de se faire comprendre en anglais : "Could you help me mam ? I received this letter and I don't understand, what should I do ?".

Réaction de l'agent : "Ah mais monsieur, il faut demander à quelqu'un de votre famille qui parle français de vous traduire".

Pour résumer ... vous êtes demandeur d'asile, vous arrivez d'Afghanistan, du Pakistan ou tout autre pays du sous-continent indien, vous êtes venu seul et avez laissé votre famille au loin, vous ne maîtrisez ni la langue, ni les codes culturels du pays qui vous accueille et comprenez encore moins le fonctionnement des administrations ou la complexité du système d'aide sociale.

Dans Paris, capitale qui attire 2,4 millions d'étrangers par an, bim, c'est votre jour de chance, vous décrochez le gros lot en tombant sur un agent recruté pour sa maîtrise du français (pourquoi grand Dieu s'inquiéter de parler une autre langue que la sienne), sa qualité d'écoute, son sens du service et qui vous demande, négligemment, d'aller chercher l'information ... ailleurs.

Au cœur des préoccupations ? Vraiment ? L'information contextualisée semble ici résider dans le fait de ne pas positionner d'agents fluent in english, sur une zone où les étrangers sont légion. Mauvaise joueuse, me dites-vous ? C'est simplement un agent sur les 59 667 que le groupe compte ? Nan, nan, nan. Outre le fait que ce n'est pas un cas isolé, la notion de service ou de compétences adaptées dans ce cas ne devrait pas être une option mais une obligation.

En attendant, je suis restée sans voix à cette réponse. Speachless. Devinez qui a prêté main forte à ce monsieur désarçonné  ?

#awesomeparis
#worklife


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