J'voudrais bien ...

Angle rue Riquet ~ rue d'Aubervilliers

Dans toutes les histoires, il y a un avant et un après. L'avant, c'est quand un type vous appelle pour un job qui n'existe pas encore et vous met tout de suite au parfum. De façon à ce que vous écoutiez bien entre les mots et que vous ne veniez pas quémander de façon indue et racoleuse par la suite. 

Dès le début, c'est les sanglots longs du violon. Votre moi intérieur émet alors un drôle de bruit d'alerte. Le monologue commence par : "j'ai perdu 200 000 euros en deux minutes". Rapport à la décision de l'État ne pas renouveler certains contrats aidés.

La deuxième salve arrive avec "travailler dans le social, c'est de l'apostat (hum, sacerdoce plutôt. Non ?! Si ?! M. Larousse, y s'est pas escrimé pour rien). Les salaires, vous le savez bien, sont ce qu'ils sont, on peut pas donner beaucoup".

Rapidement, subtilement (enfin à peu près aussi subtilement qu'un char Leclerc dans une boutique Baccarat), le type pose ses jalons. Je comprends qu'il a pas l'ombre d'une thune, d'un kopeck, d'un sesterce. Il peut rémunérer uniquement un mi-temps mais là où l'argent arrive, il aimerait aller (bon, c'est pas le seul), charge au futur salarié de faire rentrer ce qu'il faut pour financer la moitié manquante. Pour parodier la chanson, il voudrait ben mais il peut point.

J'avoue, son discours me laisse un léger goût âcre au fond de la gorge. J'ai quand même bien envie de savoir où il veut en venir ce boss qui m'appelle sans tambour, ni trompette. Je subodore (j'espère me tromper) qu'il a dû éplucher toute la liste des supposés éplorés du Pôle Emploi et qu'il tente de harponner quelqu'un qui ne se montrerait pas trop regardant (sur le salaire).




L'après, c'est que je me suis rendue à l'entretien. Chouette quartier, chouette local mais, ce n'est pas la première fois, je me fais oreille d'abondance et opine distraitement du chef aux doléances de ce patron malheureux qui a recruté  :
  1. une salariée qui s'est plainte auprès de la médecine du travail à cause d'une souris d'ordinateur pour droitière alors qu'elle est gauchère,
  2. une chargée de développement qui n'a pas ressenti le besoin de développer et a foiré un projet d'envergure,
  3. un comptable qui dépense sans compter quand ça lui facilite la tâche,
  4. une secrétaire pas futée mais qu'il garde parce que ça ne coûte pas trop cher,
  5. un collaborateur qui est parti avec les dossiers,
  6. ...

Ça n'en finit pas. Obligée de l'interrompre d'un "vous ne m'avez quand même pas fait venir pour me raconter tout ça", je me demande, quant à moi, si je ne suis pas un aimant pour les cas désespérés. À ce moment de l'entretien, je n'ai qu'une envie, fuir, fuir, fuir.

Je n'ai pas le souvenir d'avoir rencontré autant de difficultés lors de mes précédentes recherches d'emploi. J'en viendrais presque à regretter mes neuf années de contractuelle dans la F.euh T.euh P.euh que je détestais pourtant et où je me suis ennuyée comme un vieux rat mort. C'est dire !



#çacraint
#maviesanstravail






Commentaires

Articles les plus consultés