T'as grossi ...


Passage du marché, Paris 10.

Je rencontre énormément de gens. Il en est des sympathiques, d'autres qui me sont indifférents mais avec lesquels j'échange des banalités et puis un tout petit nombre que j'ai du mal à supporter et que j'évite. Parmi tous, il en est des délicats. De cette délicatesse qui pousse à mettre les pieds dans le plat, à patauger et à insister lourdement.

Après le t'es blonde, j'ai eu la joie de croiser un autre gentil lourdingue de ma connaissance qui m'a fait une remarque qui m'est restée, l'espace d'un instant, au travers de la gorge (genre la branche de thym avalée à la hâte avec la cuisse de poulet qu'elle accompagnait dans la cocotte et qui vous fait tousser rouge).

Après les salutations d'usage et un long regard sur moi, je l'entends me hurler, à moi et à la face du monde pour être bien certain que le message passe : "pourquoi toi manges beaucoup les gâteaux comme ça ? toi grossis. Toi grossis, c'est pas bien". (Monsieur est réfugié. Quand bien même il ne se débrouille pas si mal en français, ce n'est pas toujours sujet-verbe-complément). Pétrification de ma part. Sûr qu'à ce moment j'aurais eu ma place dans les grottes de Bétharram. Imaginez aussi mon regard. Il a dû se sentir catapulté à des années-lumière d'ici, sur une planète dont on a pas encore découvert l'existence, dans l'infini de l'espace et au-delà.

Il a quand même compris qu'il avait, disons, commis une bévue, une gaffe intersidérale (j'ai également été sidérée par son sens de la diplomatie et de la psychologie féminine). Aussi a-t-il tenté de se rattraper d'un "mais quand même toujours belle". Ouf, me voilà rassurée.

Gros soupir. Le chômage et la cogitation, c'est sûr, ça ne favorise ni la légèreté de l'esprit, ni celle du corps. Bon, c'est le printemps, oui ou non ? Alors rééquilibrage alimentaire comme on dit désormais ? Ben oui car au-delà de la morsure à l'ego, il faut parfois simplement se rappeler de prendre soin de soi.

#dietcake
#monregimeetmoi


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