Quand l'engagement bénévole vaut peanuts


"Vous vous faites plaisir malgré tout". C'est l'expression de la mort qui tue que l'on vous avance quand vous expliquez le sens (et les difficultés) de votre engagement bénévole.

Que rétorquer ? Le visage du bénévolat a bien évolué depuis les héroïnes de Barbara Pym (dames patronnesses, tasses de thé et porcelaine délicate, gelée de framboise et scones, ventes de charité, vicaires et roses trémières). Vous voyez le topo ? Ne vous méprenez pas, j'adore les auteurs anglo-saxons.

Cette image surannée n'est plus de mise. En effet, le bénévolat se complexifie et se professionnalise car le contexte l'exige tout simplement. C'est encore plus vrai si on s'engage aux côtés de personnes en situation d'extrême précarité (de celle que l'on connaît quant on a tout perdu, à savoir famille, travail, logement, droits sociaux).

D'un côté, on demande aux étudiants des grandes écoles de développer des soft-skills, alors que de l'autre, on minimise ou piétine les  expériences non validées par un diplôme au nom long et creux comme un jour sans pain. Pour faire court, dans mon bénévolat, je m'amuse à :

  1. participer à des réunions (dont on se passerait volontiers)  ;
  2. créer des emplois, gérer du personnel, coordonner des équipes et des activités ;
  3. répondre à des appels à projets, concevoir des outils statistiques (c'est impressionnant ce que l'on doit générer comme statistiques. Je suis devenue la reine des histogrammes, courbes et autres fromages colorés), élaborer et suivre des budgets, rédiger des bilans et  des rapports d'activité  ;
  4. réaliser des diagnostics et impulser de nouvelles actions ;
  5. pérenniser financièrement les activités ;
  6. m'assurer que les conditions de travail des salariés et d'intervention des bénévoles soient décentes ;
  7. penser à la réserve de café et laver les torchons ... (oui, même ça) ;
  8. sans parler de toutes les autres joyeusetés et tracasseries administratives ... je dirige une structure, quoi. Rien. Ou si peu.

Fun, fun, fun, vous ne croyez pas ? Tout ça pourquoi ? Pour se retrouver face à la moue dubitative et dédaigneuse d'un recruteur (non, je n'ai rien contre eux)  qui pense que, ben oui, mais ça reste du bénévolat, non ? À croire que le mot est une obscénité. Pas une expérience salariée. Peanuts, quoi. Que dalle, que pouic, que tchi.

Je fulmine, je cratère et je volcanise.



#volunteer
#maviedebenevole




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